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The original english-french language interview is also available.
Wie habt ihr euren Stoff für Dokumentarfilm gefunden? Gab es wahre Erlebnisse, die euch dazu geführt haben?
Aus einer ganz kleinen Sache kann ein Projekt entstehen, eine anekdotische Situation, die die Regisseure in ein Abenteuer stürzt, das mehrere Jahre dauern wird und sich schließlich in einem Film materialisieren wird. Im Jahr 2013 lebten wir in einem Wohngebiet von Genf, wo wir mit Freunden ein verlassenes Haus bewohnten. Wir hatten einen großen Garten, in dem Pflanzen und Bäume frei wuchsen, was viele Vögel anzog. Da sie unsere Nachbarn waren, wollten wir ihre Namen und ihre Gewohnheiten kennenlernen und ihr unendlich reiches Universums entdecken, was in uns eine neue Leidenschaft für die Ornithologie wachsen ließ.
Eines Tages fanden wir im selben Garten einen kleinen verwundeten schwarzen Mauersegler. Da wir nicht wussten, was wir mit diesem kleinen Zugvogel machen sollten, suchten wir einen Ort, an dem man sich um ihn kümmern konnte. So entdeckten wir das Ornithologische Zentrum Genthod, das nur wenige Meter vom Flughafen Genf entfernt liegt. Dieser bescheidene Ort markiert den Beginn eines Prozesses, der vier Jahre dauern wird.
Warum habt ihr euch dafür entschieden, den Hauptcharakter als einzigen von einem Schauspieler darstellen zu lassen?
Ihr portraitiert die Vogelstation sehr realistisch, aber eure Bildsprache ist teilweise sehr künstlich. Erzählt mir zu euren kreativen Entscheidungen.
Auch euer Off-Kommentar besitzt etwas poetisch. Könnt ihr mehr dazu erzählen?
Wir wussten von Anfang an, dass wir ein Voice-Over haben wollten, aber es bekam seine endgültige Form erst am Ende des Schnitts, der zwei Jahre dauerte. Es mag für einen 60-minütigen Film lächerlich klingen, aber der parallele Schnitt zwischen den Sequenzen mit der Tierärztin und der Tierhandlung mit Paul und Antonin, hat uns viele Probleme bereitet.
Während der Dreharbeiten führte Antonin ein Tagebuch, in dem er seine Erfahrungen in der Vogelwarte erzählen sollte. Wir hatten die Idee, dass dieses Material uns beim Schreiben des Voice-Overs helfen würde, aber am Ende wurde nichts davon beibehalten. Andererseits war das Tagebuch für die Konstruktion der Rolle nach den Worten Antonins nützlich. Jede Nacht schrieb er zu Hause und es war eine Art nächtliche Verlängerung seiner Tageserfahrung. Für uns war der Inhalt dieses Tagebuchs sehr weit entfernt von der Figur, die sich während des Schnitts in den Bildern herausgebildet hatte, aber wir mochten Antonins poetische Form und wir wollten, dass sie im Voice-Over existiert. Zusammen mit Camille Vanoy, der Assistentin des Films, schrieben wir die Basis des Voice-Overs. Wir mussten die narrative Struktur finden und die Informationen über die Funktionsweise des Ortes tarnen. Gleichzeitig hat Antonin Hausaufgaben gemacht. Er musste kurze Texte über bestimmte Dinge schreiben, z.B. die Gefühle beschreiben, die er erlebte, als er die Eule freiließ. Er musste seine Erinnerungen nutzen, um auf seine vergangenen Erfahrungen zurückzublicken. Wir haben mit Camille die Passagen aus seinen Texten herausgesucht, die uns gefielen und die der Stimme am Ende einen poetischen Charakter verliehen.
Die Tieraufnahmen sind sehr beeindruckend. Wie war das Filmen der Tiere selbst für euch?
Allgemein: Könnt ihr mir mehr von den Dreharbeiten erzählen: Wo habt ihr genau gedreht, wie lange wart ihr dort und wieviel Material ist entstanden?
Haben die Protagonisten den fertigen Film gesehen? Was haben sie dazu gesagt?
Wird man den Film in Zukunft auch anderswo sehen können?
Ja, der Film setzt seine Festivalkarriere auf allen Kontinenten fort und hat mehrere Preise gewonnen, was uns einfach glücklich macht.
Ihr wurdet auf dem 62. DOK Leipzig mit dem Healthy Workplaces Film Award ausgezeichnet. Hattet ihr damit gerechnet?
Nein, ich glaube nicht, dass du jemals eine Auszeichnung erwartest. Generell sind wir sehr zufrieden mit der freundlichen Aufnahme des Films. Wenn wir arbeiten, zweifeln wir viel, wir fragen uns manchmal, ob wir nicht etwas falsch machen! Wenn es also gut ausgeht, wenn die Leute den Film genießen, sind wir erleichtert und das gibt uns Kraft, zurückzukehren!
Jetzt zu euch: Wie seid ihr als Regisseur-Team zusammenkommen und wie verlief eure gemeinsame Arbeit am Set?
Wie wird es bei euch weitergehen? Sind schon weitere Projekte geplant.
Wir arbeiten derzeit an einem neuen Spielfilm über die chinesische Gemeinde in Lissabon, der noch irgendwo zwischen Dokumentarfilm und Fiktion angesiedelt ist. Die Hauptfigur ist eine chinesische Albino-Frau, welche die Jungfrau von Fatima spielt.
Die Fragen stellte Doreen Matthei
Übersetzung von Michael Kaltenecker
Lies auch die Rezension des Kurzfilms „Bird Island“
Interview: In conversation with the filmmaker Maya Kosa we could learn more about her and Sergio Da Costa’s documentary film “Bird Island” (OT: “L’île aux oiseaux” ), which was shown at the 62nd DOK Leipzig and won the “Healthy Workspaces Film Award”. She talks about their work together, how they found the topic and why they decided to mix documentary with fiction.
How did you find your material for documentary film? Were there real experiences that led to it?
Une toute petite chose peut donner naissance à un projet, une situation anecdotique qui propulse les réalisateurs dans une aventure qui durera plusieurs années et qui se concrétisera à la fin par un film. En 2013, nous habitions dans un quartier résidentiel de Genève, où, avec des amis, nous occupions une maison abandonnée. Nous avions un grand jardin où le plantes et les arbres poussaient librement, ce qui attirait beaucoup d’oiseaux. Comme ils étaient nos voisins, nous avons voulu connaître leurs noms, leurs habitudes et la découverte de leur univers infiniment riche a fait grandir en nous une nouvelle passion pour l’ornithologie.
Un jour, dans ce même jardin, nous avons trouvé un petit martinet noir blessé. Ne sachant que faire de ce petit oiseau migrateur, nous avons cherché un lieu où il pouvait être soigné. C’est ainsi que nous avons découvert le Centre ornithologique de Genthod, situé à quelques mètres de l’aéroport de Genève. Cette situation modeste a marqué le début d’un processus qui durera quatre ans.
Why did you decide to have the main character portrayed by an actor as the only one?
Quand nous avons découvert le lieu, pour Sergio c’était l’évidence, il a su immédiatement qu’il voulait y tourner un film. Pour ma part, l’intérêt est venu plus tard. Entre-temps, nous avons tourné deux films, notre premier long-métrage « Rio Corgo » et un court-métrage. Sergio gardait l’idée de tourner un film au centre ornithologique dans un coin de sa tête et en 2015, il a présenté une candidature pour une bourse suisse dédiée au documentaire avec un fort encrage social. Il l’a obtenue et c’est ainsi que le projet a commencé à prendre forme. A la même période, Sergio m’avait proposé que l’on écrive et réalise le film ensemble. Comme je n’avais pas la même attirance pour le lieu, j’ai réfléchi et m’est venue l’idée d’introduire Antonin que nous venions de rencontrer et que j’avais très envie de filmer. C’est ainsi que j’ai trouvé ma place dans le projet. Même si Antonin était un personnage extérieur au lieu, j’avais le sentiment que ce qu’il était, sa façon de penser, de s’exprimer et de se mouvoir dans l’espace, allait correspondre à l’âme du lieu. Par ailleurs, il y avait dans sa biographie des éléments, comme la maladie, qui entraient en syntonie avec la souffrance des oiseaux et le déclassement social de certaines personnes comme Paul et Ivan, qui travaillaient au centre dans le cadre d’un programme de réinsertion professionnelle. Antonin, l’acteur, nous servait à révéler le lieu et en parallèle, le film construisait le portrait du vrai Antonin.
You portray the bird station very realistically, but your visual language is partly very artificial. Tell me about your creative decisions.
Votre impression vient certainement du fait que nous avons intégré une situation fictionnelle (la formation d’Antonin auprès de Paul) dans un contexte fortement documentaire. Plus que l’image, je pense que ce sont les dialogues, la mise-en-scène des séquences de formation, la voix-off et la musique qui contribuent à ce que vous vous appelez « artificiel ». Nous voulions raconter l’histoire d’Antonin comme s’il s’agissait d’un conte, en nous éloignant du naturalisme. Nous avons cherché ensuite à estomper les différences entre le documentaire et de fiction, en maitrisant aussi les scènes avec la vétérinaire. Nous n’avons pas inventé les scènes d’opérations, mais nous avons par exemple imposé le silence entre la vétérinaire et son assistante pour rendre leurs scènes plus mystérieuses, plus proche de la fable ou du conte, et donc de la fiction. Un dialogue très terre-à-terre entre les deux femmes, commentant leurs activités, aurait tué l’ambiance que nous essayions de créer.
Your off-commentary also has a certain poetic quality. Can you tell me more about it?
Nous savions depuis le début que nous voulions une voix-off, mais elle a gagné sa forme finale tout à la fin du montage, qui a duré deux ans. Cela peut paraître ridicule pour un film dont la durée est de 60 minutes, mais le montage parallèle entre les séquences avec la vétérinaire et celles de l’animalerie avec Paul et Antonin, nous a posé beaucoup de problèmes.
Pendant le tournage, Antonin avait pour mission de tenir un journal intime qui devait relater son expérience dans le centre ornithologique. Nous avions l’idée que cette matière allait nous aider pour écrire la voix-off, mais finalement rien n’a été conservé. Par contre, le journal a été utile pour la construction du rôle selon les dires d’Antonin. Chaque soir, il écrivait chez lui et c’était une sorte de prolongation nocturne de son expérience diurne. Pour nous, le contenu de ce journal était très éloigné du personnage qui avait pris forme dans les images au cours du montage, mais la forme poétique propre à Antonin nous plaisait et on voulait qu’elle existe dans la voix-off. Avec Camille Vanoy, l’assistante du film, nous avons écrit la base de la voix-off. Il fallait trouver la structure narrative et camoufler les informations concernant le fonctionnement du lieu. En parallèle, on donnait à Antonin des devoirs. Il devait écrire de petits textes sur des choses précises, comme par exemple nous décrire les sentiments qui l’avaient traversés au moment où il avait relâché la chouette. Il devait faire appel à ses souvenirs pour se replonger dans son expérience passée. Avec Camille, on piochait dans ses textes les passages qui nous plaisaient et qui au final ont donné le caractère poétique à la voix-off.
The animal shots are very impressive. How did the filming of the animals go for you?
Il y avait bien sûr l’urgence liée aux situations d’opérations, il fallait faire vite. On se mettait rapidement d’accord avec la vétérinaire, puis Sergio, qui a fait l’image sur le film et l’ingénieur du son, disparaissaient dans la salle d’opération. J’étais absente de ces scènes, qui nécessitaient de la concentration et du calme. Caméra à l’épaule et l’œil en permanence dans le viseur, Sergio n’était pas toujours conscient de ce qu’il se passait, mais essayait de capturer instinctivement l’essence du moment pour en sortir les meilleurs plans possibles. En amont du tournage, il avait vu les films de Jean Painlevé, qui l’ont fortement inspiré dans sa façon de filmer les oiseaux. Jean Painlevé, cinéaste et biologiste spécialisé dans la faune sous-marine, réalisait des films à but scientifique depuis la fin des années 20, mais leur qualité formelle en ont fait des œuvres d’art. Son travail se caractérise par le désir profond de partager l’émotion et l’émerveillement face au « mystère » de la nature que ses films contribuent à dévoiler.
In general: Can you tell me more about the filming: Where exactly did you film, how long were you there and how much material was filmed?
Le centre ornithologique existe grâce à la dévotion d’une personne, son directeur Monsieur Patrick Jacot, qui gère cette structure depuis 40 ans, bénévolement et grâce à des fonds privés. En parallèle, Monsieur Jacot, travaillait comme effaroucheur d’oiseaux à l’aéroport de Genève. Dans le film, c’est le personnage qui apparaît dans la scène de l’aéroport et qui transporte Antonin dans sa voiture. D’ailleurs, tournée en un jour, cette scène immortalise son dernier jour de travail avant de partir à la retraite. Nous avons tourné cette scène en hiver 2016 et le reste du tournage a eu lieu l’été de la même année. En août, nous avons filmé la partie documentaire, en tâtonnant au début, filmant un peu toutes les activités du lieu, puis en nous concentrant finalement sur le travail de la vétérinaire et de son assistante, dont la charge dramatique a éliminé naturellement tout le reste. En réalité, beaucoup d’autres personnes travaillent dans ce lieu et dans le film, on a l’impression qu’il n’y en a que cinq. En septembre, nous avons tourné la fiction, c’est-à-dire la formation d’Antonin à l’animalerie auprès de Paul. C’est aussi dans cette deuxième phase de tournage que nous avons écrit et mis-en-scène le rapprochement entre la vétérinaire et Antonin, qui crée des ponts entre le documentaire et la fiction. Au total nous avions 70 heures de rushes. C’est beaucoup trop ! A l’avenir, on aimerait travailler autrement, retrouver la rigueur de la pellicule en filmant moins, en allant vers l’essentiel.
Did the protagonists see the finished film? What did they say about it?
Malheureusement, deux protagonistes, Paul et Iwan, sont morts avant la fin du film. Ils n’ont rien vu. Ils n’étaient pas si vieux, mais leur condition de vie, marginale, a certainement contribué au déclin prématuré de leur santé. Antonin a vu le film plusieurs fois en fin de montage pour s’inspirer pour la voix-off. Il a été déstabilisé par la souffrance des oiseaux, mais aussi par la mort des deux protagonistes. Il avait l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de lui. Puis, la peur s’est dissipée et le film lui a donné la force de faire ses films à lui. C’est ce qu’il m’a dit. La vétérinaire et le directeur ont vu le film à Locarno, mais n’ont rien dit. Peut-être qu’ils s’attendaient à autre chose ? Je pense qu’ils n’ont pas l’habitude de voir ce genre de film et le moment le plus important pour eux a été le tournage, la rencontre avec l’équipe.
Will you have a chance to see the film outside of festivals in Germany?
Oui, le film continue sa carrière festivalière sur tous les continents et a gagné plusieurs prix, ce qui nous rend tout simplement heureux.
You were awarded the Healthy Workplaces Film Award at the 61st DOK Leipzig. Did you expect that?
Non, je pense que l’on ne s’attend jamais à recevoir un prix. De manière générale, nous sommes très contents de l’accueil chaleureux du film. Quand on travaille, on doute beaucoup, on se demande parfois si on ne fait pas n’importe quoi ! Alors quand ça se termine bien, que les gens apprécient le film, on est soulagé et cela nous donne de la force pour repartir!
Now to you: How did you get together as a team of directors and how did your work together on the set go?
Nous nous sommes connus en 2005 à la HEAD (Haute Ecole d’Art et de Design) de Genève. Nous étions dans la même volée, en section cinéma, comme d’ailleurs Antonin dix ans plus tard. Ce n’est pas une école professionnelle de cinéma, c’est un département réalisation au sein d’une école de beaux-arts. En dehors de nos films, on faisait un peu de tout, du montage, du son et de l’image. On se retrouvait à travailler comme techniciens sur les projets des uns et des autres. Avec Sergio, on a développé des affinités esthétiques et après l’école, c’était naturel pour nous de continuer à travailler ensemble. « L’île aux oiseaux » est notre quatrième film co-réalisé. On travaille de façon assez organique. L’écriture, le découpage, la mise-en-scène et la direction d’acteurs nous les partageons. Par contre, c’est Sergio uniquement qui prend en charge l’image. Jusqu’ici, nous avons travaillé en plan fixe, ce qui permettait à Sergio une liberté de mouvement. Sur « L’île aux oiseaux », il avait la caméra sur l’épaule, alors j’ai pris davantage en charge la direction d’acteur cette fois-ci. En dehors de notre duo, les personnes avec qui nous travaillons contribuent aussi énormément aux développement des idées, en amont du tournage comme pendant, ainsi qu’au montage. Ce sont des forces essentielles qui élargissent notre imaginaire.
How will it continue with you? Are there already more projects planned?
Nous travaillons en ce moment sur un nouveau long-métrage sur la communauté chinoise de Lisbonne, toujours entre le documentaire et la fiction. Le personnage principal est une chinoise albinos qui incarnera la Vierge de Fatima…
Questions asked by Doreen Matthei
Read on the german review of the shortfilm „Bird Island“